Le Caire change... la fierté s'installe!

Curieux, j'ai suivi cette jeune fille habillée 
en rouge, blanc et noir, comme son drapeau.
J'arrive d'une randonnée de sept heures. Le Caire reste Le Caire (j'entends d'ailleurs un muezzin appeler les Musulmans à la prière) à bien des aspects, mais une chose a changé : je vois des gens fiers de ce qu'ils viennent d'accomplir. Tout n'est pas terminé, l'armée est omni présente, plus que lors de mon voyage en 2009 en tout cas : en plus des soldats, il y a des chars, des camions avec canon à eau, prêts à intervenir. Le Musée du Caire, qui était gardé comme une forteresse, est encore plus protégé par l'armée.  Le climat est donc tout ce qu'il y a de plus sécuritaire.


Voilà où l'amenait son grand frère! 
Faire une photo devant un char 
stationné au Musée du Caire!
Mais le sourire des uns côtoie le désarroi des autres. Les marchands se plaignent beaucoup en effet. Peu de touristes pour les uns, les prix des aliments qui augmentent pour les autres, le commerce ne semble pas aller très bien (lire d'ailleurs un article intéressant sur ce sujet en cliquant ici). C'est d'ailleurs ce que j'ai trouvé le plus difficile aujourd'hui.


Mais là, c'est la fin... je veux dire faim qui me tenaille! J'apporte mon ordi pour continuer à écrire et je mettrai la suite en ligne plus tard.

Me voilà de retour depuis une bonne heure, mais j'ai eu plein d'urgences à régler à distance... le travail continue (je dis ça pour ceux qui pensent que je suis en vacances!) De plus, j'ai rencontré au café un professeur de géographie égyptien qui avait bien le goût de parler, mais qui m'a aussi servi d'interprète auprès du serveur qui ne parlait ni français, ni anglais. Et comme mon arabe élémentaire se limite à Salam alaikoum, Inch'Allah et Shukran ketir, ça m'a été bien utile. Comme vous voyez, je ne mange pas à la table de grands hôtels ou restaurants, mais dans la rue, avec des gens d'ici, entouré d'odeurs de thé et de fumée de chicha.


Revenons au début de ma journée. Je pris donc la direction de la célèbre place El Tahrir, à une dizaine de minutes de mon hôtel, pour voir de mes yeux le lieu de cette révolution quand mon regard a été attiré par cette jeune fille en rouge, que j'ai photographiée devant le Musée du Caire. Plutôt que de revenir sur mes pas, j'ai ensuite décidé de marcher vers le Nil que je n'avais pas vu depuis deux ans. Chemin faisant, j'ai encore pu constater le déploiement de matériel de l'armée.

Arrivé au bord du fleuve, je suis devenu la cible de plusieurs vendeurs de croisières sur le Nil. Le touriste étant rare par les temps qui courent, nul doute que ma beau blanche, mon pas tranquille, mon sac à dos et mon appareil photo m'ont trahi. Je résiste gentiment, mais dans mon fort intérieur, je me dis : « J'ai jamais fait ça un tour de bateau-mouche sur le Nil? » Cinq jours de felouque en 1982, entre Assouan et Louxor, avec le Club Aventure, c'est bien loin et bien différent de ce qu'on m'offre aujourd'hui. Je me suis donc retrouvé seul touriste à bord d'un rafiot de 30 places, pour seulement 16 $ (ce qui représente une fortune ici), incluant un bon thé. Voulant me faire plaisir, le navigateur, sachant que j'étais un Canada Dry (c'est souvent ainsi qu'on réagit ici, comme ailleurs en Afrique, quand ont dit qu'on vient du Québec... je veux dire du Canada) m'a fait jouer My heart will go on de Céline Dion! (Tiens, elle a les mêmes initiales que Canada Dry) Je ne sais pas si vous le savez, mais c'est un peu désemparant d'entendre la chanson thème du film Titanic au milieu du Nil à bord d'une embarcation qui serait certainement interdite chez nous... Je l'ai donc supplié de mettre de la musique égyptienne, beaucoup plus appropriée selon moi... 


Je n'ai finalement pas regretté cette heure de bateau. Au contraire, ça m'a fait découvrir un Caire que je ne connaissais même pas, avec des résidences luxueuses en bord de Nil d'un côté et des bidonvilles de l'autre! Encore des paradoxes entre la richesse et l'extrême pauvreté. J'ai donc pris plus d'une centaines de photos... que je mettrai sur flicker incessamment, mais laissez-moi écrire d'abord! Une fois à gué, le navigateur a naturellement tenté de me retirer un bakshish (je connais un autre mot arabe), mais j'ai répondu ne. Sinon (ou si oui), j'aurais naturellement répondu aiwa. (Je parle vraiment de plus en plus avec fluidité celle langue!)


Je m'égare là. Donc, je marche à nouveau vers El Tahrir, mais je suis intercepté par un jeune assez sympa qui a naturellement pour mission de m'amener dans une des nombreuses boutiques de parfum et papyrus à proximité, pour y prendre le thé, tout simplement. Je connais cette technique depuis des années, mais je me suis encore laissé entraîner et je suis ressorti avec des papyrus, des vrais de vrais, je vous le jure, certifiés et tout et tout, avec en bonus le prénom des à qui j'en rapporte. C'est là que je me suis fait piéger cette fois. Comment négocier le coût de documents où l'artiste de la maison a déjà ajouté les prénoms de ma blonde ou de mes deux fils. Pas cher, pas cher disait-il! Toi, mon ami, tu me fais un prix. J'en ai fait un prix, puis un deuxième, mais il ne l'ai a jamais acceptés! Bon, me suis-je dit, tu t'es fait avoir, paye... Mais là, chaque papyrus signé m'a coûté un bateau.


Les couleurs de la fierté égyptienne, Place El Tahrir
Assez le niaisage là, je m'en vais à la Place Tel Ahrir... je veux dire El Tahrir (j'en perds mon arabe). Wow. En cette fin d'après-midi, il semble y avoir encore des relents de la manifestation pacifique qui a été vécue ici ces dernières semaines. Je dirais même que l'atmosphère est presque à la fête. Des gens ont des drapeaux dessinés sur leur visage, attachés à leur auto... ça klaxonne d'ailleurs beaucoup, comme pour féliciter la foule en passant. Il y a aussi plein de vendeurs de drapeaux de tous formats, des produits dérivés rouges blancs et noirs. Je me serais cru en plein défilé de la Coupe Stanley sur la rue Sainte-Catherine! Mais cette fois, c'est un pays qu'on vient de gagner... (j'aimerais d'ailleurs un jour que mes concitoyens québécois comprennent c'est quoi la différence entre voir nos Glorieux gagner le prestigieux trophée et se donner un pays - mon prochain mandat je crois).


Les vendeurs de drapeaux et de produits dérivés, eux, font de très bonnes affaires
Puis, en sortant de la place pour revenir à l'hôtel, je suis accosté par un autre égyptien qui m'invite naturellement à visiter son commerce. Je ne sais pas pourquoi, mais je le trouve sympa, ce Ali, et j'y vais, encore. Pas de regret cette fois. On parle du pays, des manifestations, de la fierté retrouvée. C'est en fait très agréable. Il m'apprend aussi que sa soeur se marie ce soir, mais qu'il a un petit problème. Voilà, le chat sort du sac! Comme il est musulman, il n'a pas le droit d'acheter d'alcool (mais il a le droit d'en boire ajoute-t-il en souriant). Alors il me demande, gentiment, si c'est possible pour moi de faire quelques achats dans un magasin interdit aux musulmans de bonne famille, que c'est lui qui paie... il n'a besoin que de mon allure de non-croyant. On ne pourra pas dire que je n'ai pas fait de bonnes actions aujourd'hui. Surtout que la soeur du gars qui m'a vendu les papyrus se mariait aussi aujourd'hui. Puis un autre vendeur qui a essayé de me faire visiter sa boutique, lui sa fille se mariait demain. Alors j'ai demandé à Ali si c'était une journée spéciale pour les mariages ou une nouvelle forme d'approche pour capter les touristes. Il a bien ri.

8 commentaires:

  1. Salut,je ne sais pas si tu reçois mes commentaires ? Doriane

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  2. Mais oui, par facebook et maintenant directement sur le blogue. Merci!

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  3. Je n'ai pas de fille, mais je me dis que je devrais la marier la semaine prochaine coudon... ça peut servir. Bonne continuation. Lucie

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  4. Je te suis pas à pas .Attention au couvre-feu ,je n`ai pas envie de perdre ce voyageur courageux qui me fait visiter «LE CAIRe».J`en ai fait rire plusieurs avec cette horloge parlante qui me dit l`heure du Caire à seconde près.Repose-toi bien .Quand enseigneras-tu ?Doriane

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  5. Le cours commence dimanche, mais je quitte Le Caire jeudi matin. En plus du travail qui me parvient encore à distance et du blogue qui occupe mes longues soirées, j'ai aussi commencé à adapter le cours qui portera cette fois sur l'environnement.

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  6. Bonjour Richard, Je constate que tu ne t'ennuie pas du tout du Québec. Je viens de terminer la lecture de tes aventures de mercredi, tu es un vrai aventurier. Tu m'as bien fait rire quand tu nous a raconté ta promenade sur le Nil et ton magasinage du retour. Soit prudent! S'ils se servent trop souvent de toi, tu pourrais te faire jouer des tours. Bon séjour! Diane

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  7. Bonjour, merci de me permettre de faire ce voyage avec toi. J'aime cette technologie qui nous rapproche. Un jour j'y marcherai aussi. Prend soin de toi. Johanne

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  8. bonsoir j'ai bien aimé tes aventures au caire ,j'ai bien vecu presque la meme chose avec ma femme lord de notre voyage dans ce merveilleux caire mais j'ai vite appris la combine etant donner que je suis tunisien et l'arabe n'est pas mon souci je vous remercie pour tout .LE CAIRE c'est toujours bien de visiter

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