Bateaux Canaux Vélos

Si par chez nous, l’expression consacrée pour parler de nos journées de travail est Métro Boulot Dodo, il en va bien différemment ici. J’ai en effet passé une bonne partie de la journée à photographier des bateaux dans les nombreux canaux de la ville et, bien entendu, plein de vélos. Il y a en effet ici plus de vélos que d’autos et autant de canaux que de rues. Pour la plupart bien étroites d’ailleurs.

À remarquer également, l’allure des vélos : surtout des vélos d’un certain âge, les vieux «trois vitesses», avec garde-chaîne, ailes et garde-boue. Il pleut assez souvent dans cette région et on veut  protéger ses vêtements en se rendant au travail. 

Guichet-Vélo!
Donc, pas de vélos de courses ou à 24 vitesses (de toute façon, tout est assez plat à part les ponts qui traversent les canaux), mais plutôt des bicyclettes solides, résistantes et qu’on a probablement moins le goût de voler car elles se ressemblent toutes. À l’exception des modèles famille!

Il y en a naturellement avec le banc pour enfant ou avec le petit demi-vélo accroché derrière, comme par chez nous, mais il y en a aussi avec une intégration d’une nacelle de bois qui peut accueillir un, deux et j’ai même vu trois enfants! Ou quand ce ne sont pas des jeunes qu’on y retrouve, ce sont des sacs remplis de victuailles ou des achats de la journée. Quel esprit pratique! Je dois avouer que je n’ai pas rencontré beaucoup de problèmes d’obésité sur deux roues. Mais des gens de tout âge aussi.

Pourtant, on aime bien la bière ici. Tout particulièrement la Heineken, dont on rencontre une enseigne à la porte d’un bar ou d’un restaurant à tous les 50 m sur les voies commerciales. Sans compter la brasserie en plein cœur de la ville, avec son musée et sa boutique. Le royaume des produits dérivés! 

Nous avons beau en avoir au Québec, on ne peut égaler ce que j’ai pu observer aujourd’hui. En quantité et en qualité. Pas donné cependant. On doit reconnaître ça aux Européens : on ne fait pas dans la pacotille! En bout de ligne, le consommateur paie cher pour afficher sa marque. N’est-ce pas le rêve de toute entreprise commerciale?

Je suis ensuite passé d’Heineken à Van Gogh. Quelques centaines de mètres seulement sépare le brasseur du Musée Vincent Van Gogh, juste à côté du Rijksmuseum. L’art de brasser de la bière (et de bonnes affaires) à l’art d’un des plus grands peintres du XIXe siècle. Quel artiste! Torturé sans doute, mais quel talent… et quel musée! C’était ma deuxième visite (presque trente ans plus tard), mais c’est toujours réjouissant de trouver les œuvres de grand maître et de quelques-uns de ses contemporains. J’ai encore été séduit par cet espace conçu pour mettre en valeur ce géant hollandais, mort en France où son talent a été reconnu quelques années plus tard.

Ce matin à l’hôtel, à tout hasard, j’ai fait parvenir des courriels aux deux agences de Montréal maintenant établies, entre autres, à Amsterdam : Sid Lee et Taxi. Pas de réponse, j’ai quitté pour visiter la ville, comme je l’ai décrit. Aussi, quelle ne fut pas ma surprise quand j’ai croisé au musée Paul Lavoie, le grand Paul, cofondateur de Taxi. Il était en compagnie d’un Américain avec qui il a réalisé récemment un court métrage sur les dernières années de Van Gogh.

On jase un peu, il m’avoue candidement avoir perdu presque tout son français quinze ans après avoir quitté Montréal, ouvrant le bureau de Toronto, puis de New York avant Amsterdam. Il y a un an, Paul et sa conjointe et associée, Jane Hope, vendaient Taxi, dont il est toujours membre du C.A. Il est considéré comme l’un des cinquante concepteurs  publicitaires les plus influents au monde! Il fait aujourd’hui des conférences partout, siège sur des C.A. prestigieux, est conseiller marketing du MoMA (Museum of Modern Art de New York) et j’en passe.

Lion d'or à Cannes en 1991
Finalement, il note mon courriel sur son iPhone pour que j’aille le rejoindre avec des amis au resto ce soir vers 22 h. Mais je me suis assoupi à l’hôtel… je n’avais probablement pas, subconsciemment, le goût de m’enivrer en anglais. Anecdote : en 1991, je suis un des rares québécois présents pour le Festival international de la publicité de Cannes, le plus important de la planète ; deux de mes collègues québécois, travaillant alors chez Cossette, remportent un Lion d’or dans la catégorie affichage pour l’affiche Pizza, où les deux «z» ont été remplacés par des «M» penchés du logo de McDonald. C’est donc moi qui suis allé chercher le Lion à la place de Paul Lavoie et François Sauvé, devenu ensuite son associé pour fonder la première mouture de Taxi au début de 90.

Voici, pour conclure cette journée, le I love NY d'Amsterdam : I amsterdam. Sympa, tout à fait dans le registre de jeux de mots que j'aime bien faire. Mais rassurez-vous, je ne suis pas l'auteur de la dernière campagne du Bloc, Parlons Qc. Je préfère celle que j'avais réalisée en 1993, pour faire élire 53 députés et devenir l'opposition officielle : On se donne le vrai pouvoir. Pouvoir que nous n'avons d'ailleurs plus à Ottawa...

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