Première journée de cours : déforestation!

Pêcheurs dans la baie d'Alexandrie
Chaque année, l'Afrique perd quatre millions d'hectares de forêt, une régression plus de deux fois supérieure à celle connue en Amazonie. Le saviez-vous? Moi je l'ignorais totalement. En fait, j'avais surtout entendu parler du problème au Brésil. Une preuve de plus que le continent africain est souvent négligé par les médias!


Je suis à l'Université Senghor pour une cinquième fois depuis 2005. Les trois premières fois pour des formations au département de la santé, une fois pour participer à un colloque sur les maladies mentales et, cette fois, une formation pour le département de l'environnement. Une petite université sympa qui regroupe des étudiants de la francophonie, en provenance majoritairement des pays de l'Afrique de l'Ouest. Ils sont ici pour réaliser un «master» en deux ans et ce sont les profs qui font la rotation. Il y a aussi deux autres départements : administration-gestion et culture.


Concept développé ici, en 2005
(voir sur publiciterre.org)
Ce que j'aime particulièrement dans cette expérience, c'est la possibilité d'aborder des problèmes de marketing dans un contexte complètement différent de ce que nous vivons au Québec. Depuis ces dernières années, j'ai eu à développer avec les étudiants des campagnes pour contrer le Sida, le diabète de type 2, les médicaments de la rue... ou favoriser l'allaitement maternel et le lavage des mains, mais avec des moyens tellement différents! Le taux d'analphabétisme étant très élevé, oubliez les journaux, voire même les panneaux, à moins de développer un visuel très simple. La télévision est hors de prix pour des ONG... il reste la radio et le marketing de rue! Les nouveaux médias sont utiles pour joindre les leaders d'opinion, mais rien ne vaut, dans certains villages, l'utilisation du théâtre au marché pour
sensibiliser certaines populations. Je me rappelle d'un scénario où une actrice déguisée en mère affligée se précipitait sur un faux
Médicaments de la rue, Ouagadougou, 2008
(voir sur publiciterre.org)
vendeurs de médicaments pour l'accuser d'avoir tué son enfant avec son médicament POISON. Assez efficace!

Cette fois, on traite donc d'environnement et le sujet de l'heure, pour cinq équipes sur sept, est la question de la déforestation. Je connaissais bien le principe de la désertification, mais que faire quand on s'oppose à une question de survie? Il y a naturellement les grands exploitants qui sont tolérés parce qu'ils créent de l'emploi, mais il y a aussi ces mères qui marchent parfois des kilomètres pour couper les derniers arbres qui les protègent, simplement pour cuire les repas.


Alors, comment fait-on pour convaincre des entreprises qui ont «acheté» le gouvernement de couper moins de bois (tiens, ça ressemble à ce qu'il se passe parfois chez nous) ou des mères de se priver de feu pour les taches quotidiennes? C'est le genre de problèmes que nous aborderons cette semaine. 


Guérite de stationnement - peinture fraîche.
Comme vous pouvez lire, la partie analyse de la situation politique en Égypte vient d'en prendre un coup! Mais après quatre heures de cours magistral, trois heures de rencontres avec les équipes, une à une et la préparation du cours du lendemain, je crains devoir me limiter à ces quelques lignes. À lire : cette lettre du directeur de la Bibliotheca Alexandrina.

6 commentaires:

  1. Merçi Richard,

    comme toujours tes commentaires sont très enrechissants et pertinents.

    Prendre ce temps préçieux pour mieux nous faire comprendre ce pays et ses habitants.
    Bon repos à demain.Doriane

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  2. Tout un beau défi dans ce contexte si différent de chez-nous. Ça doit te plaire cette obligation d'inover! Au plaisir de te suivre encore chaque jour,

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  3. Merci à vous deux. Ce sont en effet de beaux défis, que les étudiants de Senghor relèvent d'ailleurs avec brio! C'est très stimulant!

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  4. Bonjour Richard,

    C'est très intéressant ce que tu racontes. On se sent un peu en Égypte. Bonne continuation de voyage.

    je souris vert

    Jean Binette,

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  5. Prof, Afrique de l'Ouest ne signifie pas Afrique Centrale.....C'est deux régions à part....Et à Senghor, la majorité c'est les deux!

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